Le 27 janvier 2019, dans le cadre du festival VIVAT LA DANSE du Vivat d’Armentières, le duo Puce Moment
proposait la première diffusion de leurs partitions écrites pour les orgues mécaniques du Café des Orgues d’Herzeele.
Le Café des Orgues est un lieu mythique. Devanture de bistrot qui paie pas de mine, dans une commune d’un peu plus d’un millier d’habitants sur la route de Dunkerque, dont on ne se doute pas que l’arrière salle cache la plus singulière piste de danse du coin si ce n’est de bien plus loin. Sur trois des quatre murs entourant le parquet, trônent trois grands orgues mécaniques de la célèbre marque belge Mortier. Tous les dimanches, la salle est ouverte au public fait de fidèles zélés ne ratant pas un week-end sauf pour une opération de la hanche, de jeunes venus mus par la curiosité autant que par le désir simple de manger une carbonade-frites en buvant une bière flamande, de familles nombreuses et d’amateurs de tout poil de musiques de genre.
Quelle idée somptueuse donc que d’avoir pensé puis proposé la création d’une oeuvre inédite jouée sur ces orgues pour faire danser la foule présente ce jour-là. Une composition qui se danse, c’était l’enjeu, où la ryth- mique emporte jusqu’à s’y perdre et qui s’écoute jusque dans les micro-détails des sons de cette machine sonore gigantesque, aux grains et textures toujours plus organiques.
Une suite de pièces brutes, répétitives et entêtantes qui prennent une dimension particulièrement fortes d’être jouées sur ces orgues limonaires. Comme si un orchestre comeladien jouait du Steve Reich dans un fest-noz déterritorialisé chez les flamands pour faire danser des amateurs de musique électronique alle- mande.
Olivier Brisson // La Belle Brute
«Comme à chaque fois lorsque nous travaillons avec un instrument issu d’une culture populaire ou tradi- tionnelle, nous essayons de transposer sa musicalité à une approche plus contemporaine. Un instrument traditionnel transporte avec lui les fantômes d’un passé et d’une culture. En lui permettant d’interpréter autre chose que le répertoire traditionnel auxquelles il est normalement dévolu, l’instrument semble chan- ger de statut. Notre intention est de lui redonner la parole pour lui faire produire quelque chose de plus proche de son essence même, le personnifiant quelque peu. Aussi, un des axes d’exploration que nous menons avec les orgues en considération de leurs spécificités mécaniques, c’est de composer une parti- tion musicale proche de la transe ou des musiques répétitives. Faire l’expérience d’une sorte de jusqu’au boutisme de la machine, une frénésie entrainante et machinique pour se rapprocher d’une écoute or- ganique de cet orchestre mécanique, protagoniste et narrateur principal au centre de ce rendez-vous.» Puce Moment